LE CIVET SANS LIÈVRE ET LE JAZZ BOLCHEVIQUE

Et puisque que nous en sommes au chapitre des incongruités ou boutades (parfois fort drôles) prononcées ou écrites sur les grands musiciens, on peut encore en citer quelques-unes que les connaisseurs apprécieront sans doute à leur juste valeur.

 

Un critique musical français dont le nom importe peu a écrit de Claude Debussy, à propos de son opéra Pelléas et Mélisande, qu’il était l’inventeur de la recette "du civet sans lièvre".

 

Réflexion faite, cette remarque n’est pas aussi stupide qu’il n’y paraît à première vue.

 

La musique de Claude Debussy est célèbre en effet pour le contour peu affirmé et l’imprécision de ses thèmes, ce que les commentateurs traduisent généralement par l’expression de "flou impressionniste. Avouons que "le civet sans lièvre" est plus parlant, et surtout beaucoup plus drôle…

 

Serge Prokofiev, l’illustre compositeur soviétique dont on parle plus que jamais depuis la fin du communisme, fut encore plus sévère avec la musique de Claude Debussy. Il la traita de "guimauve"… Mais il fut lui-même victime du jugement tout aussi péremptoire et injuste d’un journaliste américain ; ce dernier, après avoir assisté à la création par l’auteur de son Deuxième concerto pour piano et orchestre, écrivit sans ambages dans son compte-rendu qu’il n’avait entendu là que du "jazz bolchevique" !

 

On n’en finirait pas de citer les principales boutades, lazzi, bons mots ou plaisanteries en tout genre qui donnent à la musicologie l’un de ses principaux attraits : celui d’être un champ clos toujours disponible pour qui à l’âme d’un redresseur de torts.

 

Celui qui s’exprime ici a eu l’idée de ce qu’on est en train de lire pour servir d’introduction à son blog. Il a choisi d’intituler ce texte "CONTREPOINT ET HARMONIE" en souvenir d’une phrase d’Olivier Messiaen prononcée à propos de ses deux principaux "élèves" : Yannis Xenakis et Pierre Boulez. "Avec eux, avait déclaré Olivier Messiaen, je fis une chose extraordinaire. Moi qui pense qu’il faut étudier l’harmonie et le contrepoint, je leur ai dit de n’en rien faire, de n’y plus penser et d’aller jusqu’au bout de leur pente naturelle. Je les ai encouragés à persévérer dans la voie qui était la leur et à continuer sans retour en arrière leurs recherches personnelles sur une manière de "penser la musique autrement"".

 

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